Nous avons interrogé Paloma Nuche, docteur en écologie et responsable des campagnes de Greenpeace, sur les principaux défis auxquels est confronté un paradis naturel tel que les îles Canaries.
Les îles Canaries sont un paradis naturel d'origine volcanique qui attire chaque année des millions de visiteurs grâce à ses nombreuses attractions. L'importante biodiversité et la grande variété d'espaces naturels, dont beaucoup sont protégés par différentes lois et récompensés par des organismes internationaux tels que l'UNESCO (Patrimoines de l’humanité et réserves de biosphère), font de ces îles atlantiques un endroit privilégié pour la nature. Ce vaste patrimoine naturel – qui comprend aussi les cieux les plus propres et les plus clairs d’Europe, avec trois réserves Starlight à La Palma, Ténérife et Fuerteventura – invite sans aucun doute à prendre conscience de la nécessité de travailler ensemble pour une meilleure santé environnementale. Les îles Canaries sont donc confrontées à de nombreux défis liés à la durabilité, dont l’objectif est de garantir que les nouvelles générations puissent continuer à profiter pendant de nombreuses années de paysages qui, “contrairement à ce qui se passe dans d’autres zones touristiques, ne sont pas encore trop urbanisés”, a déclaré Paloma Nuche, docteur en écologie et responsable de la campagne côtière de Greenpeace. En voici les principales:
Gérer activement les espaces naturels
Les îles Canaries disposent d'un réseau de 146 zones naturelles protégées couvrant environ 40 % du territoire des îles, dont quatre parcs nationaux: Timanfaya à Lanzarote, le Teide à Tenerife, la Caldera de Taburiente à La Palma et Garajonay à La Gomera. Ils abritent des espèces de faune et de flore précieuses, dont beaucoup sont uniques au monde et parfois disparues de la plupart des régions du monde, comme l’exceptionnelle forêt de laurisylve. Face à cette richesse, il n’est pas surprenant que ces espaces constituent “l'une des principales attractions des îles, avec des écosystèmes merveilleux, qui sont activement gérés par les autorités”, souligne Nuche, à travers des initiatives de toutes sortes, allant de campagnes de sensibilisation à des politiques de promotion de l’écotourisme.
Davantage d’écotourisme
Pour Nuche, dans le cas des îles Canaries, il est essentiel de miser de plus en plus sur l’écotourisme. “Le fait que le développement économique et la conservation de la nature aillent de pair est fondamental partout, mais surtout dans un endroit comme les îles Canaries, où la nature est notre principal patrimoine”. À cet égard, on continue d’œuvrer en faveur de diverses initiatives dans les différents espaces naturels protégés afin de promouvoir un modèle de tourisme lié à la nature et respectueux de l’environnement.
Oui aux énergies renouvelables
Depuis l’inauguration de la centrale hydroéolienne Gorona del Viento, El Hierro est la première île en voie de devenir complètement autosuffisante avec des sources d’énergie renouvelables. Déclarée Réserve de biosphère par l’UNESCO, le modèle d’El Hierro est un exemple à suivre, une preuve irréfutable qu’il est possible de promouvoir la durabilité par des changements de modèle plus respectueux de l’environnement.
Gestion de l’eau
Nuche explique que “les eaux marines des îles Canaries se caractérisent par leur oligotrophie, faible teneur en nutriments, transparentes et merveilleuses, très sensibles aux déversements et rejets”, de sorte qu’il convient de préserver leur état, qui donne naissance à un écosystème marin comme peu. Pour ce faire, il est essentiel de réduire au maximum les rejets et, là encore, de sensibiliser les baigneurs à certaines règles de base: le respect de la faune et de la flore marines, l’amélioration de la politique des déchets et la prévention de la consommation inutile d’eau. “Il est important de tenir compte du fait que dans une situation d’insularité comme celle des Canaries, les ressources en eau sont limitées, d’autant plus qu’à certaines saisons de l’année la population se multiplie, ce qui implique un effort important aussi au niveau des égouts et de l’épuration des eaux”, explique Nuche.
C'est bien ça!
“Dans un récent classement des communautés autonomes urbanisées en Espagne établi par Greenpeace, les îles Canaries occupaient la 7ème place sur 10”, explique Nuche, un chiffre qui les place parmi les moins urbanisées et qu’il faut maintenir si l’on se bat pour la durabilité. Seulement “si les espaces naturels sont respectés et si l’urbanisation côtière liée au secteur touristique résidentiel est ralentie”, les îles Canaries conserveront cette personnalité unique et se vanteront de quelques caractéristiques qui font la différence: Réserves de la Biosphère, Patrimoine Naturel de l’Humanité, Réserves Starlight et autres reconnaissances.
Changer la puce
“Il est essentiel de sensibiliser à la fois les habitants et les touristes, mais probablement surtout les visiteurs, au fait que nous devons prendre soin des endroits où nous voyageons comme s'ils étaient notre propre maison”, souligne Nuche. L’experte explique qu’il y a une certaine tendance au gaspillage lorsque nous voyageons, ce qui, même si nous ne nous en rendons pas compte, a un impact direct sur la dégradation de l’environnement. De petits gestes comme “acheter beaucoup plus d'emballages ou remplir la baignoire tous les jours, ce que nous ne ferions pas chez nous, ont un impact environnemental plus important que nous le pensons, surtout dans les destinations touristiques où cet impact est multiplié”.